Ne pas se laisser griser !

Publié le par nowar514.

Une transatlantique ne se joue pas sur le plaisir de glisser dans des conditions faciles car s'oublier peut vite s'avérer tranchant si les choix météo ne sont pas les bons. Entre le choix d'une route un peu osée difficile à assumer jusqu'au bout de l'option et la peur de se prendre un dévent derrière les îles Canaries, Clément à travers sa course donne un aperçu des tiraillements d'un skipper seul en course et sans routage. Malgré ces tergiversations il est inutile de tirer la moindre conclusion à ce stade, mais voir Clément en 5ème position plutôt qu'à la 30ème place comme il y a deux jours encore est plus agréable pour tous ceux qui le soutiennent, son sponsor Douet Distribution, Envao, ses potes, familles, ou encore le Club Nautique du Rohu dans lequel Clément était moniteur il y a quelques temps encore. La longue descente de cet atlantique joueur est tout sauf une promenade de santé. La flotte commence à souffrir à bords des mini 6,50. Après un départ de Madère dans le portant avec des conditions idéales, c'est un flux de nord-est soutenu ponctué de grains sur la route directe qui a révélé les premières avaries de la flotte.

 

 

Il y a eu effectivement pas mal de casses lors de cette première semaine de course (les italiens ayant eu le plus de fortunes de mer) et plusieurs avaries sur la flotte éparse. Renaud Chavarria a brisé son mât, c'est le troisième démâtage de la course à déplorer. Aux Canaries, le Chinois Guo est à l'arrêt car il a brisé l'un de ses safrans. Grisés par cette longue glissade qui offre de longs surfs sous spi et avec une houle longue et confortable mais aussi une mer émaillée de quelques grains violents et imprévisibles, les ministes ont trouvé des conditions propices à la casse pour les plus téméraires. Mais les jeunes skippers ont raison d'envoyer sur ce genre de parcours, c'est là que certaines différences peuvent se jouer. Clément n'est pas vraiment un exemple de prudence, mais le skipper et son NoWar tiennent le choc, malgré la réputation de « bourrin » qui lui colle aux basques...

 

 

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Ce matin, Eric Llull qui tenait la course depuis un moment avait cédé du terrain face au trinitain Gwénolé Gahinet et à Pierre Brasseur, tout en étant talonné par Renaud Mary (dont la barre de flèche est voilée) mais reste toujours dans les bons coups. Et en 5ème position c'est Clément qui tient toujours la corde, le plus à l'ouest du peloton de tête. Entre les partisans de la route de l'ouest et ceux qui ont suivi une trajectoire rectiligne proche de la route orthodromique, il n'y a pas eu de mauvais choix, mais juste des choix. Clément ayant réorienté sa course une fois depuis le départ de Madère en empannant au large des Canaries avec l'espoir de trouver plus de pression à l'ouest. Des incertitudes demeurent donc mais stratégiquement il n'y a pas eu de bêtise à déplorer. Même si l'option ouest n'a pas permis de toucher le vent espéré. C'est même une longue glissade intelligente que le skipper de Douet Distribution a entamé. Et c'est une option partagée par quelques leaders du classement général, en proto comme en série, à l'image de Benoit Mariette, le vainqueur de Funchal, ou encore Davy Beaudart, qui semble avoir pris l'habitude de talonner Clément. Mais la course est longue et telle ou telle option pourra faire la différence à terme. Ou pas.

 

 

Prochain point stratégique : le Cap Vert. Mais il reste encore quelques centaines de milles avant d'y parvenir et la partie de poker pourra amener une partie de la flotte à faire le trou et à creuser l'écart. Mais la direction de la course a choisi de créer une porte obligatoire. C'est à dire un passage obligé et spécifié dans les instructions de course à travers les îles du Cap Vert, entre les îles de Santo Antao à l’ouest et sous le vent, et Maio dans les îles au vent pour être précis. Motif invoqué : reconcentrer la flotte avant d'attaquer le Pot au Noir. C'est dommage pour les choix purement stratégiques et ceux qui auraient été tentés de faire une vraie différence en prenant le pari d'une route originale. Mais plus raisonnable en termes de sécurité, puisque les bateaux accompagnateurs resteront à coup sûr dans le sillage de l'ensemble des concurrents, donc pas idiot.

 

 

Ensuite il y aura le pot-au-noir. Nous en reparlerons d'ici là, afin de savoir où la zone de convergences intertropicales aura décidé de faire son nid, et si cette fameuse zone déventée aura décidé de laisse passer les ministes encore en course à travers la bulle tant redoutée. Ou pas.

 

 

 

 

 

Pierrick Rob

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